Le 6 November 2019

Au cœur du Val de Sully coule la Loire…

Bordée de chaque coté par des communes au riche passé ligérien.
Prêts ? On dévoile quelques secrets… d’histoire, de Loire.

La Loire marchande

Jusque dans les années 60, « la rivière » comme la nommaient les mariniers était très active à la navigation, notamment pour sont transport de marchandises. C’était l’un des fleuves les plus exploités de France et ce, depuis la nuit des temps. Du Midi, on faisait venir bois, épices, huile, fruits de Provence, draps d’or et de soie, quincaillerie de Thiers, céramiques… De l’Atlantique et de l’Ouest : du sel nantais et du poisson séché ou salé. Et enfin du cuir de Cordoue, la laine d’Espagne, les vins de Bordeaux, sucre, épices, pierres à bâtir, ou encore ardoises d’Angers. La Loire était alors un vrai marché ambulant. Çà et là se croisaient toues, sapines, chalands de Loire ou encore gabares à fonds plats et aux mats inclinables pour passer sous les ponts.

Charles Pensée, Le Quai de Recouvrance à Orléans, vers 1840, papier, aquarelle, gouache, encre, musée de la marine de Loire, Châteauneuf-sur-Loire

La Loire Sauvage

Malgré plusieurs barrages et d’importantes protections contre les crues (des turcies ou levées), la Loire est souvent présentée comme « le seul grand fleuve sauvage » survivant en France. Elle est aussi le « royaume » de paysages somptueux et de milieux naturels très riches. La Loire est une aventure exceptionnelle : majestueuse, capricieuse, calme et indomptable, royale, légendaire, les qualificatifs ne lui manquent pas… Elle est aussi changeante dans sa couleur que dans ses humeurs… un fleuve au tempérament bien trempé ! Attention à son charme, la Loire est aussi une voisine redoutable, capable de crues dévastatrices, dont certaines tristement célèbres…

La Loire aux Marins

Grâce à ces vas-et viens ligériens, la communauté des marins a pu s’installer tout au long de la Loire. Ils ont leur monde bien à eux, leur mode de vie, leur quartier, leur mode vestimentaire… Dès le XIVè siècle, ils fondent “La communauté des marchands de Loire et de ses affluents“. Ce “syndicat” se bat pour entretenir les voies d’eau, s’opposer aux péages, aux entraves causées par les riverains, mais aussi aider les veuves et orphelins de mariniers. L’administration royale leur est souvent favorable, consciente de leur importance pour l’activité économique de la France.
Pour les Mariniers, la vie ne peut se faire uniquement sur l’eau…bien au contraire. De l’automne au printemps, il est difficile de naviguer sur la Loire et d’acheminer les marchandises. Durant cette période “creuse”, les Marins ont du s’adapter et accéder à de nouveaux métiers. Ils se rendent alors sur les chantiers, les chargements de cargaisons, ils pèchent, sont cordiers ou encore tonneliers. Bien qu’en marge de la population, nos Marins se font quand même une place sur terre, au sein de leur communauté, naturellement.

La Loire et ses rives

A Sully sur Loire, Le quartier des Mariniers est le 1er centre de population de la ville, ainsi que sa paroisse des mariniers lesquels ont joué un rôle capital dans la vie sullyloise. Jusqu’au milieu du XIXe siècle, le fleuve constituait alors l’axe de communication principal et vital. Il fut source de nombreux revenus grâce notamment à la pêche. Les premiers mariniers se sont établis probablement à l’époque d’Auguste, le successeur de César. Dès lors, les mariniers sont une corporation active, haute en couleur, souvent endogame… Ils sont encore une quarantaine à la veille de la Révolution Française. C’est une corporation dévouée et menacée. Ils interviendront sans délai lorsqu’une crue soudaine menace des vies ! Ce sont eux, par exemple, qui délivrent le Duc de Sully… enfermé dans son cabinet du Château, isolé par la crue des eaux en 1608. Au delà de la pêche, les Mariniers mènent une vie de dur labeur… La remonte d’aval en amont est lente, pénible et coûteuse. Il faut, pour progresser, profiter des vents, ou recourir à la traction humaine ou animale. Le trafic en Loire, se stabilise au XIVe siècle et régresse à partir de la fin du XVIIIe.
A présent, les maisons qui bordent les rives ligériennes sont pour la plupart d’anciennes habitations de mariniers qui ont su conserver leur caractère architectural originel. On y retrouve aussi sur les façades des ancres à deux anneaux appelées “organeaux” ; emblème de la Marine de Loire, ou encore des lignes de crues, souvenir d’une Loire impétueuse.

La Loire sans batelier…

Il faut se rendre à l’évidence, il est de plus en plus difficile de parcourir la Loire. Dangereuse, difficilement et peu navigable, la Loire ne se laisse pas faire. La marine fluviale l’a appris à ses dépens. Elle ne pu faire face plus longtemps lorsque le chemin de fer apparut. Il est clair que le train était bien plus avantageux que le bateau… Roulant à vive allure et en toute saison, il peut aussi rejoindre toutes les parties du territoire français. La Marine fluviale tenta alors de faire face à cette “rivalité” en construisant des bateaux à vapeur. Sans grande surprise, cela se solda par un échec. Alors bon vent, Marins…

La Loire en fête

Nostalgiques des anciens rassemblements de mariniers de Loire, les habitants de Saint Benoît trouvent alors l’envie et l’enthousiasme nécessaires pour faire revivre le port. C’est ainsi qu’en 2012 est née l’association de l’Armada qui, à travers ses constructions de bateaux et certaines animations, nous propose de redécouvrir le patrimoine ligérien. Grâce à l’ingéniosité et l’expérience de certains de ses adhérents, l’association a aujourd’hui réalisé 4 bateaux (une plate, un futreau, un canot ainsi qu’une toue cabanée), amarrés au port. Ces bateaux sont le fruit d’un véritable savoir-faire, puisqu’ils ont été réalisés sans plan… Impressionnant !
Tous les ans au mois de mai, le port de Saint Benoit revit alors sa Fête de la Marine ! Un week-end au rythme des balades sur la Loire, des chants de Marins, des sardines grillées et autres activités de Mariniers.
A Saint Père sur Loire, les Brasse-Bouillon construire un fûtreau de Loire, et y associent, des élèves, ainsi que les associations et habitants du village, au sein d’un projet intergénérationnel et rassembleur. Ce projet servant à retrouver une mémoire de la batellerie, valoriser le port de Saint Père sur Loire, situé sur la Loire à vélo. Ceci aux portes du périmètre classé au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO.
A Orléans aussi, tous les deux ans, le Festival s’installe durant quatre jours sur les quais pour un week-end animé haut en couleurs !

 

  • + d’infos Quartier des Mariniers ou village de Saint Benoit :

02 38 36 23 70 – 02 02 38 58 27 97
réservations en ligne : Visite du village

  • + d’infos sur la Marine de Loire

www.musee-marinedeloire.fr